La base sous-marine de Bordeaux a été construite entre 1941 et 1943 sur ordre de l'armée nazi, par le Génie militaire de Mussolini.
De par sa position stratégique sur la façade atlantique, elle permettait d'abriter les sous-marins des armées fascistes, allemande, italienne et aussi japonaise.
Près de 3 000 républicains espagnols réfugiés en France furent obligés de participer à cette construction et plus de 70 d'entre eux y laissèrent leur vie. Certains corps seraient restés, coulés dans le béton, afin de ne pas ralentir les travaux !
Aujourd'hui, il reste ce bâtiment de béton, indestructible, insupportable et irrémédiablement là. Il offre des espaces remarquables, une obscurité inquiétante, des reflets évocateurs.
L'action culturelle de la ville de Bordeaux y organise des expositions photographiques de grande qualité et des interventions artistiques innovantes.
Plusieurs associations de républicains espagnols, rescapés de la guerre civile espagnole et de la deuxième guerre mondiale, préparent l'installation d'un mémorial. Le temps presse car le temps passe ! En effet, beaucoup nous ont déjà quittés sans connaitre cette réhabilitation historique.
José Ruiz a récemment publié la correspondance de son père, Carlos Ruiz Garcia, sur cette période de sa vie, "Lettre à un ami, Du camp d'Argelès à la Base sous-marine de Bordeaux" (Pleine Page Editeur, www.pleinepage.com).
Merci José, je crois que tu as bien fait d'insister.
Ces lueurs, bleues, blanches et parfois rouges, embellissent ce béton froid, humide et putride. Elles tranchent dans ce gris et rendent hommage à ces hommes morts de l'absurdité de la guerre.
Ces ombres, ces reflets, tels des fantômes bienveillants, vibrent incessamment sur l'eau et insufflent une incroyable force de vie et de liberté.
Qui peut traduire exactement ces mots ? " Ne rien déposer ici " ? Pas même la mémoire, pas même le souvenir !!
Nous avons le devoir de nous souvenir, et le devoir de transmettre, de mettre en garde les générations futures. Et d'autant plus par les temps qui courent !
L'obscurité et l'épaisseur du béton pourrait rendre claustrophobe le plus équilibré des humains. Et au lieu de ça, l'éclairage et l'aménagement font de ce lieu une galerie exceptionnelle recevant des expositions souvent photographiques et de très grande qualité.
Ceci ressemble à une corde de pendu, mais en fait, il s'agit d'un câble métallique, et suffisamment rouillé pour paraitre aussi ancien que le bâtiment. Un nouveau signe hostile dans ce béton armé qui rend d'autant plus attractive l'utilisation culturelle et artistique qui en est faite.